Expressions sonores du cheval

Les expressions sonores du cheval servent en priorité à attirer l’attention d’un congénère et manifestent un état émotionnel à un contexte spécifique. On distingue généralement  sept catégories de sons, un répertoire de communication relativement pauvre pour un animal doté d’un système social aussi élaboré. Toutefois, ces émissions sonores sont soumises à des variations en intensité, en durée et en amplitude, et leur sens n’est pas toujours clairement identifié.


Émis bouche fermée, l’appel de contact est un signal à courte distance. En général, ce doux frémissement est censé attirer l’attention d’un congénère à proximité. Il est par exemple produit par la jument à l’adresse  de son poulain soit pour l’encourager à la suivre au cours des premiers jours, soit pour le rappeler s’il s’éloigne trop. L’étalon peut également laisser échapper un appel de contact lorsqu’il s’approche d’une jument en chaleur, sans doute en guise de salutation.

Puissant souffle  exhalé par les naseaux, analogue à un brusque ronflement, le renâclement est produit lorsque le cheval alarmé ou effrayé se trouve en état d’alerte maximal. Ce son, qui porte loin, avertit les membres du groupe, et parfois les chevaux des harems voisins. En général, la fuite est déclenchée dans les secondes qui suivent l’émission de ce signal d’alarme. Lorsque la crainte se teinte de curiosité, les chevaux émettent une succession de renâclements.

Sorte d’éternuement, l’ébrouement sert à dégager les naseaux, qui vibrent au passage de l’air expiré. Il est émis surtout lorsque les chevaux mangent en terrain poussiéreux ou enneigé, ou lors de tempêtes de neige ou de sable.

Le couinement, strident et bref, est caractéristique des rencontres entre étalons ou bachelors, lorsqu’ils « échangent » leur souffle et qu’ils se flairent mutuellement les flancs et les parties génitales. Ce cri traduit une excitation sociale et une vive tension, il intervient fréquemment dans le contexte d’une rencontre agonistique (menace ou défense). La jument non consentante peut aussi couiner lorsqu’elle repousse les avances de l’étalon. Quoique plus rare entre juments, le couinement traduit une mésentente.

Le hennissement proprement dit est émis bouche ouverte et naseaux dilatés. Il s’agit de la vocalisation la plus haute et la plus longue. D’une grande portée, il est produit lors d’une séparation entre deux congénères proches et permet à l’animal de signaler sa position. Le hennissement traduit toujours un état de grande excitation et, dans la majorité des cas, il s’agit d’une expression de détresse. Le poulain peut l’adresser à sa mère quand, resté en arrière après une longue sieste, il se trouve séparé du groupe. Inversement, la jument hennit pour appeler son petit. Parfois à la traîne, une jument gestante ou allaitante hennit pour localiser son harem, par exemple en quittant le point d’eau. L’étalon lance un hennissement plus modulé à l’intention d’un poulain de sa famille lorsque celui-ci s’approche trop près d’un harem voisin ou les chevaux étrangers. Une autre situation propice à ces émissions sonores est l’éclatement d’un harem : les juments fraîchement séparées hennissent en écho en cherchant à se rejoindre. De même, un étalon peut hennir pour localiser ses juments qui viennent d’être ravies par un concurrent ou lorsque le harem s’est scindé au cours d’un événement inhabituel (tempête, attaque de prédateur…). L’étalon pousse un violent hennissement, rappelant davantage un « cri de guerre », à la vue de bachelors ou d’un étalon rival.

Un cheval qui flaire intensément un autre congénère émet une sorte de ronflement. Cette expression d’une vive tension est provoquée par une respiration profonde et contractée, faisant vibrer les parois nasales. Ce ronflement est produit par l’étalon qui renifle une jument réceptive ou lorsqu’un bachelor « ausculte » un jeune étalon.

Un son très doux, sorte de frémissement expiré qui s’apparente à un soupir, ponctue les moments calmes, lorsque les chevaux, immobiles et décontractés, sont proches les uns des autres. Les chevaux produisent surtout ce son en fin de sieste, juste avant de reprendre le pâturage.