Horsemanship

- Education et travail du cheval western


Une grande majorité de cavaliers venus à l’équitation western ne pratique jamais la compétition. Leur plaisir est de monter des chevaux calmes et bien éduqués sur des selles particulièrement confortables dans la campagne. Pourquoi pas ? C’est vrai que tout dans le travail du jeune cheval western prédispose à être une monture sûre, répondant à des aides légère, et attentif aux sollicitation de son cavalier. Mais la diversité des épreuves qui existe dans l’équitation western offre à chacun, quels que soient ses préférences, son niveau ou les capacités de son cheval, la possibilité d’aller plus loin. Les heures consacrées à l’entraînement ne font qu’approfondir la complicité du couple cavalier/cheval. Il y en a pour tous les goûts, amateurs de sensations fortes comme amoureux de la perfection des gestes. Pour tous les âges et pour tous les niveaux. Sans distinction de races.


En tant qu’éleveur de chevaux américains je recevais souvent des coups de téléphones de personnes qui cherchaient à acheter « un cheval d’extérieur ». Je suis toujours étonné devant cette formule passé dans le langage courant. « Qu’est ce que c’est ? Alors s’il y a un cheval d’extérieur, il doit exister un cheval d’intérieur… Et ce serait quoi ? »
La réponse est que pour beaucoup de gens, il y a les chevaux qui sont fait pour se promener dans la campagne. Ceux-là vivent en général dans un pré avec des copains, partent en balade le week-end avec leur propriétaire, randonnent quelques jours l’été… Bref, ils ont plutôt une bonne vie de cheval. Et les autres… ce sont des chevaux destinés à la compétition. Ils ont des « papiers », de bonnes origines, coûtent cher. Et vivent la plupart du temps dans un box dont ils ne sortent que pour aller travailler dans la carrière. Plus ils sont promis à un avenir brillant et moins ils ont droit de s’ébattre dans un paddock.
Quarter_1.jpegTout faux ! Un cheval est un cheval quels que soient sa race, son prix ou sa conformation. Ils ont tous les mêmes besoins naturels qui doivent être satisfaits pour qu’ils soient bien dans leur peau et disponibles pour communiquer avec nous. A nous de le les respecter en leur offrant une vie proche de leur nature.
Chaque cheval peut faire de la compétition à son niveau. Et chaque cheval peut se promener dans la campagne. Dans les deux cas, il faut les éduquer et les bases ne diffèrent guère. Tous les chevaux du monde savent marcher au pas, trotter, galoper, tourner à droite ou à gauche, s’arrêter et reculer. Quelle que soit l’épreuve d’équitation western que l’on pratique, il n’y a rien d’autre qui est demandé.
Pour la randonnée, c’est pareil. On a aussi besoin d’un cheval qui marche d’un bon pas, trotte, et galope vite ou lentement suivant ce qu’on lui demande, tourne précisément, s’arrête nettement et recule droit si nécessaire.
Il y a plusieurs façons d’apprendre à un cheval. On peut le contraindre à obéir par peur de la punition. On peut le soumettre. Mais dans ce cas, son instinct lui rappelle que nous sommes pour lui un prédateur naturel. Et là, comment pourrait-il nous faire confiance ?
Je préfère aborder le travail du cheval avec pour priorité celle de lui garder un bon mental. Pour cela, il faut établir un véritable partenariat. C’est une éducation réciproque où l’homme et le cheval apprennent mutuellement l’un de l’autre.

Prendre la bonne allure


Les chevaux sont naturellement sur les épaules. Ils portent 60% de leur poids sur leur avant main. La présence d’un cavalier sur leur dos accentue ce phénomène. Or pour que le cheval puisse se déplacer adroitement – et légèrement – lorsqu’il est monté, il doit rétablir son équilibre en mettant davantage de poids sur son arrière main. C’est le but du rassembler : engager les postérieurs sous sa masse et monter son dos. Pour cela, nous nous servons des pressions de notre corps et des rênes. Contrairement à l’idée reçue qui veut que les rênes n’aient pour seules fonctions que d’arrêter et de diriger le cheval, leur principale raison d’être est de mettre le cheval dans une certaine position qui lui facilite l’exécution des mouvements que nous lui demandons. En équitation western, les rênes ne sont là que pour çà.
Mais d’abord, il faut apprendre au cheval à céder à leur pression. Comment ? Par des demandes et cessions aussitôt qu’il donne ce qu’on lui demande. En exigeant peu au début, puis davantage jusqu’à ce qu’il soit capable de rester en équilibre de plus en plus longtemps. Rapidement, et c’est le but, il va comprendre que c’est plus facile pour lui de nous porter et de se déplacer ainsi qu’avec le dos creux et en tombant sur les épaules. Il va constater qu’il est plus à l’aise pour effectuer les manœuvres qu’on lui demande quand il engage les postérieurs sous lui. Bien sûr, cela ne se fait pas en un jour. Il faut y travailler. Mais c’est la base de tout. Ainsi pour les transitions et le variations de vitesse dans la même allure. On peut toujours demander un départ au trot en donnant des coups de talons et en laissant les rênes longues. Mais le cheval va partir n’importe comment. Avant de partir au trot, il vaut mieux reprendre les rênes, le mettre en équilibre en le poussant avec nos jambes, et puis lui demander le trot. Une fois au trot, il doit garder cet équilibre. Alors on peut rendre les rênes tout en faisant attention à ce qu’il reste rassemblé. Si ce n’est pas le cas , on demande à nouveau, puis on relâche. Même chose pour ralentir un cheval au galop : plutôt que de simplement tirer sur les rênes, on se sert de notre assiette pour le remettre en équilibre et ainsi il lui sera plus facile de galoper lentement. Au bout d’un moment, le cheval doit comprendre pourquoi on lui demande de rentrer son nez. Il doit se dire : quand j’ai le dos arrondi, je galope plus facilement.
On a tout intérêt à apprendre à son cheval à partir au galop sur le pied que l’on souhaite. En promenade, si on voit que, cinquante mètres plus loin, le petit chemin sur lequel on trotte va tourner vers la droite, il vaut mieux demander le départ au galop à droite car ce n’est pas sûr que le cheval changera de pied de lui même dans la courbe. Et, à faux, il est moins adroit. C’est facile pour un cheval de comprendre sur quel pied nous lui demandons de galoper si nous lui avons déjà appris à déplacer les postérieurs à la pression de nos jambes.
Pour demander un départ à gauche, nous pousserons les hanches vers la gauche en pressant notre jambe droite derrière la sangle. Nous mettrons son bout du nez à gauche et nous déplacerons le poids de notre corps vers la droite. Notre jambe gauche peut intervenir à la sangle pour maintenir la rectitude. Puis nous utiliserons le signe acoustique qu’il connaît. Il n’aura aucun mal à partir sur le bon pied parce que nous aurons mis son corps en position pour en toute légèreté.

Changer de cap


DSC00463_1.JPGTous les chevaux savent tourner, mais lorsque nous sommes sur leur dos, nous devons les aider à déplacer leur centre de gravité vers l’arrière-main de manière à alléger les épaules pour qu’ils puissent tourner facilement.

Pour se déplacer vers la gauche, on commence par mettre le bout du nez du cheval vers la gauche. C’est la rêne mentale, celle qui indique la direction. Puis on rassemble le cheval et on le pousse avec la jambe droite et la rêne droite ramené contre l’encolure. C’est la rêne de direction. En équitation western, on se sert des deux mains à l’entraînement contrairement à l’image de John Wayne dans les western !


Whoa, c’est whoa !


DSC00469_1.JPGOn l’a vu, les rênes sont là pour autre chose que pour arrêter le cheval. Parmi les rares signes acoustiques que l’on utilise dans le travail des chevaux, le plus important est certainement le mot « whoa ». Il signifie quelque chose de précis : l’absence totale de mouvement. Et il ne faut l’utiliser que pour ça.
Une des premières choses à apprendre à son cheval est de s’arrêter net quand il l’entend. Pour cela, il faut de la patience et de la rigueur. Beaucoup de gens disent whoa dans des moments où le cheval n’est pas dans l’état d’esprit de s’arrêter. Dans cette situation, il vaut mieux ne rien dire. Car le cheval comprend que cela ne signifie rien.
On commence par apprendre au cheval à s’arrêter du pas, puis du trot, puis du galop. Pouvoir disposer d’une carrière est une grande aide. On peut marcher vers la barrière et dire « whoa » quand le cheval arrive dessus. Bien sûr, on peut apprendre le whoa en l’associant à une action énergique sur le mors. Mais alors le cheval s’arrêtera par peur de la douleur et c’est justement ce que nous ne voulons pas. En fait, tous les chevaux aiment s’arrêter car ils sont naturelle- ment paresseux. Et whoa ça veut dire : repos !

Marche arrière


Une fois que le cheval s’arrête bien, on peut lui apprendre à reculer. En fait, on peut aider le cheval à comprendre les arrêts en renforçant notre demande par quelques foulées à reculons. On s’arrête. On garde le cheval rassemblé, dos arrondi, nez dedans et avec nos mains on crée devant lui un « mur » mental. Au lieu de relâcher les rênes une fois qu’il est arrêter, on garde la mains en place et on le pousse légèrement avec les jambes. Aller vers l’arrière est pour lui la seule possibilité de bouger. Il ne peut que se dire : « Ok, il me demande de bouger. Devant, il y a un mur mais derrière, la voie est libre. »

Immobilité western


Le fameux calme du cheval western, capable de rester à l’arrêt, de longs moments sans bouger une oreille vient de lui-même si toutes les étapes du travail ont été abordées avec l’état d’esprit que nous venons de décrire. Parce que, comme nous l’avons vu, tous les chevaux préfèrent rester tranquilles que s’agiter et transpirer. Mais pour cela, il ne faut qu’il ait été habitué à obéir par seule peur des punitions. Dans ce cas, il reste un cheval stressé et c’est logique qu’il ait le plus grand mal à être calme.
Si on regarde de près les épreuves d’équitation western que sont le pleasure, le trail, le reining, le western riding ou encore le western horsemanship, toutes les transitions, les changement de directions, les arrêts ou les recules doivent être le plus précis possibles. Mais que ce soit pour les terrains de concours ou pour les promenades en forêt, le travail est le même. Avec de la patience et de la régularité, on obtient un cheval équilibré physiquement, mais aussi mentalement. Et c’est un vrai plaisir de progresser de mois en mois, soi-même et son cheval, quel que soit le but que l’on poursuive, compétition ou randonnée.