Le cheval de couleur
On trouve les premières représentations de chevaux tachetés sur les peintures rupestres des grottes de Lascaux et de Pech Merle reproduites il y a 20 ou 25 000 ans. Les deux chevaux ponctués de Pech Merle ont des robes de type Léopard.
En
Chine,
vers -3500, l’Empereur considérait le cheval comme une divinité. On a
ainsi trouvé des statuettes représentatives de chevaux avec une robe de
type
blanket Le prophète
Zarathoustra, probablement en Mésopotamie
turkmène « possédait des chevaux à la robe tachetée » vers -1000.
Xenophon, au
IVe siècle
av. J.-C., vante les qualités des chevaux d’
Épire ou de
Thrace « toujours blancs ou tachetés » dans son
Traité de l'équitation .
Les chevaux à robe bariolée étaient peu appréciés par les
Arabes les
Espagnols
selon les spécialistes. Pourtant, on retrouve des chevaux de couleur
dans les livres de bord des navires qui partaient vers les Amériques,
deux sont comptabilisés sur les seize embarqués, probablement des
Genêts d'Espagne, à bord du navire d'
Hernán Cortés en
1519 .
Les cavaliers sont répertoriés ainsi que les chevaux avec leurs robes
et particularités : "...Moron originaire de Vaino avec un étalon
overo bien mis, Vaena de Trinidad avec un étalon
noir overo et des petites taches blanches (robe 'snowflake'), il n'a pas bien supporté le voyage...)
En
1604,
Balbuena décrit les premiers
Vaqueros
et leurs chevaux de couleur dans les élevages au Mexique. Les
caractéristiques sont identiques à celles des chevaux de Cortés près
d'un siècle auparavan
.
L'arrivée dans le Nouveau Monde
« La machine à vapeur, l'électricité et le pétrole n'ont pas apporté autant de changements dans notre culture que le cheval n'en produisit dans la culture des indiens des Plaines »
Des traces fossiles de restes d'os de chevaux datant de la
Préhistoire ont été retrouvées sur le continent nord-américain. Les
chevaux vivaient là lorsque les premiers hommes sont arrivés d'
Asie par la lande de terre qui reliait l'Asie et l'
Amérique au niveau du
détroit de Bering
actuel, et peut-être d'Europe à l'époque glaciaire comme semblent
montrer des traits génétiques communs sur des restes fossiles humains
retrouvés au
Périgord et sur le Nouveau Continent, ou bien des similitudes dans la forme et la taille d'armes.
Il est fort probable que des chevaux aient emprunté le chemin
inverse pour coloniser l'Asie. La disparition des chevaux du continent
américain reste encore une énigme.
Les tribus indiennes étaient soit sédentaires avec une activité
orientée vers l'agriculture, soit nomades avec un mode de vie basé sur
la chasse et la cueillette, parfois les deux selon les circonstances.
La colonisation par les Espagnols au Sud, les Anglais à l'Est et au
Canada, les Français en Nouvelle-France et aux Amériques amène des
populations de plus en plus importantes depuis l'Europe ainsi que du
bétail et des chevaux en grand nombre pour s'établir dans les colonies.
Les
conquistadors mettent la frayeur des autochtones vis à vis du cheval-dieu à leur profit pour favoriser leurs conquêtes.
Dès la fin du
XVIe siècle les
Apaches et
Navajos
avaient parfaitement intégré le cheval. Il était plus facile pour eux
de faire des razzias et des vols de chevaux déjà débourrés que d'aller
capturer des chevaux revenus à l'état sauvage, ce qui demandait
beaucoup d'habileté pour la capture et de savoir équestre pour le
débourrage. Cela reste valable pour les autres tribus par la suite, les
guerriers trouvant un titre de gloire et de reconnaissance de leur
habileté pour le vol des chevaux chez l'ennemi. Des témoignages de
l'époque rapportent avoir vu des chevaux marqués chez les indiens. Leur
goût pour tout ce qui était voyant les amenaient à préférer les chevaux
de couleurs. Cependant, la capture des chevaux sauvages mettait en
valeur les qualités et la bravoure de celui qui tentait l'aventure et
réussissait.
Vers
1670,
des annales espagnoles évaluent le nombre des chevaux disparus à plus
de 100 000. Des échanges, des guerres, ou des razzias inter-tribales
amènent le cheval chez les
Comanches dès le début du
XVIIIe siècle : ils deviennent des cavaliers de légendes admirés de tous.
Le cheval se diffuse vers les tribus de l'Est et les Indiens des Plaines, jusqu'au
Pacifique.
En
1800, il est présent partout et adopté sur pratiquement tout le continent.
Les peuples chasseurs et guerriers trouvent rapidement l'intérêt qu'ils peuvent tirer de ce nouvel arrivant.
La tribu des Nez-Percés
Voir aussi l'histoire de la tribu: Nez-Percés
La tradition orale veut que les Nez-Percés aient découvert le cheval chez les
Cayuses vers 1730. Apprenant que ces derniers ont acquis ce nouvel arrivant chez les
Shoshones
au sud, ils partent pour y faire du commerce et acquérir ce nouveau
venu. Ils achètent une jument pleine de couleur blanche qui constitue
avec son poulain le début d'immenses troupeaux qui se développent dans
un environnement de pâtures grasses et de canyons, favorable et
protégé. Les chevaux se multiplient le long des vallées de la
Snake River, de la
Palouse River et des larges plaines de la
Columbia.
En moins de 100 ans, pratiquement les seuls parmi les autres tribus
(et la raison reste un mystère), ils acquièrent les techniques de
l'élevage sélectif. En
1806
Lewis laisse castrer un de ses chevaux par un Nez-Percé, et à son grand
étonnement l'animal récupère très rapidement. Il notera dans ses
carnets : "je déclare sans hésitation que la méthode de castration
pratiquée par les indiens est bien supérieure à la nôtre". Il remarque
également d'élégants chevaux de couleur avec "de larges taches blanches
mélangées de façon irrégulière avec des robes noires, baies ou autres
couleurs foncées". Contrairement à une idée répandue, tous les chevaux
des Nez-Percés n'étaient pas
tachetés.