L'APPALOOSA

L'Appaloosa est une race de cheval de selle traditionnellement sélectionnée par les Indiens Nez-Percés établis près de la rivière Palouse, au nord ouest des États-Unis. La grande particularité de cette race est d'avoir une robe tachetée. Depuis le milieu du XXe siècle, de très nombreux croisements avec des chevaux Quarter Horses et pur-sang anglais ont été effectués. Au début du XXIe siècle peu de différences existent, à part la robe, entre les Appaloosas, les Quarter Horses et les Paint Horses qui forment les trois races autorisées dans les concours internationaux de monte Western. En 1997, la race a été reconnue en France par les Haras nationaux. Aujourd’hui les éleveurs Nez-Percés préfèrent le nom de Palouse Horse ou Nez Perce Horse pour le cheval issu de leurs élevages.



Le cheval de couleur 

 

On trouve les premières représentations de chevaux tachetés sur les peintures rupestres des grottes de Lascaux et de Pech Merle reproduites il y a 20 ou 25 000 ans. Les deux chevaux ponctués de Pech Merle ont des robes de type Léopard.

En Chine, vers -3500, l’Empereur considérait le cheval comme une divinité. On a ainsi trouvé des statuettes représentatives de chevaux avec une robe de type blanket Le prophète Zarathoustra, probablement en Mésopotamie turkmène « possédait des chevaux à la robe tachetée » vers -1000. Xenophon, au IVe siècle av. J.-C., vante les qualités des chevaux d’Épire ou de Thrace « toujours blancs ou tachetés » dans son Traité de l'équitation .
Les chevaux à robe bariolée étaient peu appréciés par les Arabes les Espagnols selon les spécialistes. Pourtant, on retrouve des chevaux de couleur dans les livres de bord des navires qui partaient vers les Amériques, deux sont comptabilisés sur les seize embarqués, probablement des Genêts d'Espagne, à bord du navire d'Hernán Cortés en 1519 . Les cavaliers sont répertoriés ainsi que les chevaux avec leurs robes et particularités : "...Moron originaire de Vaino avec un étalon overo bien mis, Vaena de Trinidad avec un étalon noir overo et des petites taches blanches (robe 'snowflake'), il n'a pas bien supporté le voyage...)
En 1604, Balbuena décrit les premiers Vaqueros et leurs chevaux de couleur dans les élevages au Mexique. Les caractéristiques sont identiques à celles des chevaux de Cortés près d'un siècle auparavan .
 

L'arrivée dans le Nouveau Monde 

 

« La machine à vapeur, l'électricité et le pétrole n'ont pas apporté autant de changements dans notre culture que le cheval n'en produisit dans la culture des indiens des Plaines » 

Des traces fossiles de restes d'os de chevaux datant de la Préhistoire ont été retrouvées sur le continent nord-américain. Les chevaux vivaient là lorsque les premiers hommes sont arrivés d'Asie par la lande de terre qui reliait l'Asie et l'Amérique au niveau du détroit de Bering actuel, et peut-être d'Europe à l'époque glaciaire comme semblent montrer des traits génétiques communs sur des restes fossiles humains retrouvés au Périgord et sur le Nouveau Continent, ou bien des similitudes dans la forme et la taille d'armes.
Il est fort probable que des chevaux aient emprunté le chemin inverse pour coloniser l'Asie. La disparition des chevaux du continent américain reste encore une énigme.

Les tribus indiennes étaient soit sédentaires avec une activité orientée vers l'agriculture, soit nomades avec un mode de vie basé sur la chasse et la cueillette, parfois les deux selon les circonstances.

La colonisation par les Espagnols au Sud, les Anglais à l'Est et au Canada, les Français en Nouvelle-France et aux Amériques amène des populations de plus en plus importantes depuis l'Europe ainsi que du bétail et des chevaux en grand nombre pour s'établir dans les colonies.
Les conquistadors mettent la frayeur des autochtones vis à vis du cheval-dieu à leur profit pour favoriser leurs conquêtes.
Les premiers contacts en Amérique du Nord se font lors des expéditions par les Espagnols depuis le Mexique dans les territoires du Sud, actuellement Texas, Nouveau-Mexique, Californie, Colorado, Arizona, Utah et Nevada.

Dès la fin du XVIe siècle les Apaches et Navajos avaient parfaitement intégré le cheval. Il était plus facile pour eux de faire des razzias et des vols de chevaux déjà débourrés que d'aller capturer des chevaux revenus à l'état sauvage, ce qui demandait beaucoup d'habileté pour la capture et de savoir équestre pour le débourrage. Cela reste valable pour les autres tribus par la suite, les guerriers trouvant un titre de gloire et de reconnaissance de leur habileté pour le vol des chevaux chez l'ennemi. Des témoignages de l'époque rapportent avoir vu des chevaux marqués chez les indiens. Leur goût pour tout ce qui était voyant les amenaient à préférer les chevaux de couleurs. Cependant, la capture des chevaux sauvages mettait en valeur les qualités et la bravoure de celui qui tentait l'aventure et réussissait.

Vers 1670, des annales espagnoles évaluent le nombre des chevaux disparus à plus de 100 000. Des échanges, des guerres, ou des razzias inter-tribales amènent le cheval chez les Comanches dès le début du XVIIIe siècle : ils deviennent des cavaliers de légendes admirés de tous.
Le cheval se diffuse vers les tribus de l'Est et les Indiens des Plaines, jusqu'au Pacifique.

En 1800, il est présent partout et adopté sur pratiquement tout le continent.
Les peuples chasseurs et guerriers trouvent rapidement l'intérêt qu'ils peuvent tirer de ce nouvel arrivant.
Ils lui donnent un nom selon leur culture et influences locales : Grand chien (Crees), Chien rouge (Gros Ventres), Dieu chien (Comanches), Chien mystérieux (Kiowas, Nez-Percés), Élan de France (Indiens du Canada français), Chien-élan (Pieds-Noirs), Étrange cerf (Cheyennes), Cavalis (Caddos), un nom inconnu pour les Apaches.
 

La tribu des Nez-Percés  

 

Voir aussi l'histoire de la tribu: Nez-Percés

La tradition orale veut que les Nez-Percés aient découvert le cheval chez les Cayuses vers 1730. Apprenant que ces derniers ont acquis ce nouvel arrivant chez les Shoshones au sud, ils partent pour y faire du commerce et acquérir ce nouveau venu. Ils achètent une jument pleine de couleur blanche qui constitue avec son poulain le début d'immenses troupeaux qui se développent dans un environnement de pâtures grasses et de canyons, favorable et protégé. Les chevaux se multiplient le long des vallées de la Snake River, de la Palouse River et des larges plaines de la Columbia.

En moins de 100 ans, pratiquement les seuls parmi les autres tribus (et la raison reste un mystère), ils acquièrent les techniques de l'élevage sélectif. En 1806 Lewis laisse castrer un de ses chevaux par un Nez-Percé, et à son grand étonnement l'animal récupère très rapidement. Il notera dans ses carnets : "je déclare sans hésitation que la méthode de castration pratiquée par les indiens est bien supérieure à la nôtre". Il remarque également d'élégants chevaux de couleur avec "de larges taches blanches mélangées de façon irrégulière avec des robes noires, baies ou autres couleurs foncées". Contrairement à une idée répandue, tous les chevaux des Nez-Percés n'étaient pas tachetés.